Le Temps - histoire d'interprétation

Publié le 12 Mai 2014

L'Européen et le Philippin ont une conception de temps différente, ils le perçoivent autrement et ont un rapport particulier avec lui (j'aurais voulu écrire l'Asiatique mais mon inexpérience en ce qui concerne les autres pays d'Asie me permet uniquement de supposer que ce ne devrait pas être si différent chez les voisins des Philippines).

Pour les Européens, le temps vit en dehors de l'homme, il existe objectivement, comme s'il était extérieur à lui.

Le temps a pour lui des propriétés mesurables, il s'écoule de par lui même, par sa propre nature, uniformément et non en fonction d'un objet extérieur.

L'européen se sent au service du temps, il dépend de lui. Pour exister et fonctionner, il doit observer ses lois immuables et inaltérables, ses principes et ses règles rigides. Il doit observer et respecter des délais, des dates, des jours et des heures. Le temps lui impose ses rigueurs, ses exigences et ses normes. Entre le temps et l'homme existe un conflit insoluble qui se termine toujours par la défaite de l'homme.

Les Philippins perçoivent le temps autrement.

Pour eux le temps est une catégorie beaucoup plus lâche, ouverte, élastique, subjective. C'est l'homme qui influe sur la formation du temps, sur son cours et son rythme.

Le temps est même une chose que l'homme peut créer, car l'existence du temps s'exprime entre autres à travers un événement. Or c'est l'homme qui décide si l'événement aura lieu ou non.

Laissez moi vous donner un exemple : Supposons que vous alliez à une réunion et qu'il n'y a personne dans la salle prévue à cet effet. La question « Quand aura lieu la réunion ? » est insensée aux yeux des Philippins car la réponse est connue d'avance : »Quand les participants seront réunis ».

Donc le temps ne manifestera pas sa présence, ni retard, ni avant ni après, le temps mesurable n'existera pas.

C'est pourquoi le Philippin qui prend place dans le jeepney ne pose aucune question sur l'heure du départ. Il monte, s'installe à une place libre (généralement 20 places c'est à dire une densité au moins égale à celle des sardines à l'huile dans leur boîte) et sombre aussitôt dans un état de torpeur, se découvre une passion addictive pour l'écran de son téléphone ou, surtout pour la gente féminine, compose avec ses voisines des discussions sans fin où le "pinoy drama" à toute sa place. Fesses contre fesses, épaules contre épaules, ils patienteront jusqu'à ce que le nombre magique de vingt réveillera le conducteur qui fera vrombir son moteur.

Le temps est le résultat de notre action, il disparaît quand nous n'entreprenons pas ou abandonnons une action. C'est une matière qui, sous notre influence, peut toujours s'animer, mais qui entre en hibernation et sombre même dans le néant si nous ne lui transmettons pas notre énergie.

Le temps est donc pour le Philippin un être passif et surtout dépendant de l'homme.

L'attente

L'attente

Quelle heure est-il, mon cher Basile?
Midi et quart, mon cher Edouard!
En êtes vous sur, mon cher Arthur?
Sûr et certain, puisque j'ai faim!

Contine

Rédigé par Didier

Publié dans #Pensées

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