S'expatrier aux Philippines : bonne ou mauvaise idée?

Publié le 8 Novembre 2015

Prenant part aux débats des expatriés sur le forum d'Expat blog, il nous a semblé intéressant de publier la synthèse de nos avis et impressions sur le choix des Philippines comme pays d'expatriation. Chacun, au fil des posts a donné son avis et j'ai essayé de rassembler ces différentes opinions au sein d'un même article dans l'objectif d'aider les futurs candidats à l'expatriation à disposer d'une vision la plus consensuelle possible.

Nous naissons Belge, Canadien, Français, Suisse, mais nous devenons résident aux Philippines. Le lieu de naissance n'est pas un choix, le lieu de résidence, lui, découle d'une décision personnelle que nous faisons en fonction de circonstances heureuses ou malheureuses.

Intégrer cette différence dans la lecture de cette synthèse peut aider à la compréhension des analyses positives ou négatives qui sont le plus souvent évoquées dans les forums des expatriés. Si il est commun de jeter un œil critique voir acerbe sur son pays d'origine, les Français sont sans aucun doute les Princes de cet exercice, il semble beaucoup plus difficile d'exprimer un avis négatif sur le pays où nous avons choisi de vivre. Et, lors des polémiques, on peut entrevoir une humeur qui pourrait ressembler à une déception de constater que le rêve était plus beau que la réalité.

Les Expats sont loin d'être un groupe homogène, ni par leur style de vie, ni par leurs ressources, ni par leur éducation et, que d'une façon très ténue, par leurs motivations. Habiter Makati avec un bon revenu mensuel ou résider dans le « barrio philippins » avec des moyens limités n'offrent pas une perception identique du pays et des gens que l'on côtoie. Vivre son intégration en calquant ses habitudes sur celles du pays d'accueil ou profiter de son expatriation pour les avantages que l'on en retire tout en préservant jalousement son style de vie occidental, ne nous conduit pas aux même conclusions.

La vision que l'on peut tirer de la lecture des interventions dans le forum Expat Blog est aussi faussée par le très faible nombre d'intervenants réellement résidant depuis plusieurs années ou ayant accumulés de longs séjours aux Philippines. Visiter le pays ou la famille pinoy puis repartir dans son pays d'origine n'invite pas à la même réflexion que ceux qui ont posés définitivement leurs bagages sur cette terre des Tropiques. Il faut également tenir compte des profils des intervenants qui dans la majorité des cas sont : des hommes mariés ou vivant en union libre avec une Pinoy – retraités ou tout du moins âgés de plus de 55 ans n'ayant que des activités accessoires. Glamiou se sent souvent bien seule pour exprimer la vision féminine et ChristianVianin a une expérience rare d'un Européen travaillant dans un emploi généralement réservé à des Philippins sans aucune formation.

Un travail de synthèse impartiale est un exercice assez complexe surtout lorsque l'on aborde l'aspect des désaveux et autres griefs. Reculant encore un peu cette échéance, je vais commencer par ce qui me semble le plus simple :

Pourquoi on se sent heureux de vivre aux Philippines ?

Quand vous arrivez aux Philippines, vous vous rendez compte que le terrible stress des pays occidentaux est resté à l'aéroport ; ce sentiment va se confirmer au fil des années. Les embouteillages sont vécus dans le calme, le temps n'est plus une référence impérative. Comme le disait Christian : « à ce rythme là le risque de crise cardiaque est fortement diminué ».

Vous trouverez aussi ce qui se perd de plus en plus dans nos mondes dit évolués : l'esprit de famille qui se traduit par l'entraide inconditionnelle entre parents, enfants, oncle, tante, …. Mais attention cela ne veut pas dire que les rivalités n'existent plus, que la jalousie n'a plus sa place et que les coups foireux sont abolis mais les fondamentaux sont là et l'image que l'on perçoit est bien celle d'une union. Le côté pervers c'est la position des « pièces rapportées » en commençant par la plus évidente c'est à dire VOUS. La solidarité est avant toute chose orientée vers la fratrie dont le père et la mère sont les fondations, les « extérieurs » passent ensuite. N'envisagez jamais de demander à votre femme de choisir entre vous et sa famille, vous courrez le grand risque d'être déçu.

La société philippines est essentiellement compréhensive et complaisante. J'utilise le terme essentiellement car plus on s'élève dans la hiérarchie sociale philippines et moins ces sentiments sont présent. Mais comme une grand majorité de la population est au pied de l'échelle ou juste sur les premiers barreaux, l'impression générale reste que les Philippines est un pays où l'on sait accueillir les différences. Les Philippins sont des gens attachants où le sourire est présent sur touts les visages. Ils vous admettent sans arrière pensée et vous acceptent tel que vous êtes. L'homosexualité est parfaitement intégrée dans la société, la différence d'âge dans un couple n'entraine aucun regard désapprobateur, l'affichage de la richesse, lorsqu'elle n'est pas outrancière,n'attire pas la vindicte des plus pauvres mais peu exciter la convoitise des magouilleurs en tout genre et de toute origine (y compris celle de certains de vos compatriotes)

Le climat fait partie du charme des Philippines. C'est un climat que l'on peut qualifier de tropical qui présente beaucoup d'analogie avec le climat des Antilles ou de la Polynésie. Il n'y fait jamais froid et, si on a l'avantage de résider dans un endroit traversé par la brise, la chaleur reste, la plus part du temps, supportable. Les pluies sont lourdes, abondantes mais limitées dans le temps, rien de comparable avec les crachins européens ou les pluies verglaçantes du Canada qui vous glacent jusqu'aux os et vous laissent avec un bon rhume. Ici la pluie est tempérée pour ne pas dire chaude. Pour les amoureux de la fraicheur, les Philippines n'est pas la première destination à laquelle on pense mais cependant on peut rencontrer des nuits fraiches voir très fraiches sur l'archipel des 7000 iles. Pour ma part j'habite à 700 mètres d'altitude et nous sommes bien content de nous blottir sous la couette quand les vents de Janvier viennent nous refroidir les pieds.La Cordillera au centre de Luzon est réputée pour les rigueurs de son climat où certains matins de Décembre et Janvier vous offrent le givre comme habits de la nature environnante. Habiter dans un pays traversé par les typhons ne semble pas aussi traumatisant que l'image qu'aiment à donner les journalistes. La raison vient peut-être que l'on s’accommode de ces périodes d'apocalypse et surtout que la plupart des expatriés vivent dans de bonnes maisons solides construites dans des régions où les typhons sont bienveillants.

Pour les amoureux de la mer, les Philippines sont un paradis, pour les passionnés de randonnées, c'est un pays à découvrir car la moyenne montagne est omniprésente sur la majeur partie de archipel. Pour les citadins, les grandes métropoles que sont Manille, Cebu, Davao sont actives avec une grande disparité entre la vie des quartiers commerçants où la jeunesse envahie malls et cafés à la mode et les faubourgs souvent miséreux et propices à des rencontres captivantes.

Se déplacer aux Philippines est avant tout une question de temps et non de moyens. Le train n'existe pas mais les bus locaux, régionaux et interrégionaux sont le plus souvent confortables et nombreux. Par mer, les traversées sont parfois longues car le bateau respire son âge avancé. Mais de plus en plus, les super catamarans remplacent avantageusement les reliques que les japonais ont cédés pour trois francs six sous à des armateurs philippins plus préoccupés par leurs bénéfices que part la sécurité et le confort de leurs passagers. Les deux principales compagnies intérieure (PAL et Cebu Pacific) et leur challenger Air Asia, se livrent une guerre permanente sur le domaine des prix au grand bénéfice des voyageurs qui sont de plus en plus nombreux à favoriser le transport aérien pour voyager d'ile en ile.

L'administration est à l'image de la population : bienveillante et arrangeante. Venant de pays où l'administration est tatillonne et généralement défiante, les contacts avec les différentes administrations philippines ressemblent à des moments de plaisir. Combien d'entre nous sont entrés au bureau de l'immigration avec crainte en pensant au retard pour le renouvellement d'un visa et combien d'entre nous sont sortis du même bureau avec le sourire aux lèvres en comprenant que tout a été réglé avec gentillesse même si ils ont du s'acquitter d'une petite pénalité financière. Si vous payez vos impôts locaux en avance, l'administration vous fait un discount afin de vous remercier et, si vous les payez en retard, la pénalité est douce et n'entraine pas le regard méchant du préposé. Tout est négociable et fait l'objet de palabres. Même si certains nomment cela « corruption », il n'y a aucune commune mesure avec le racket pratiqué par les administrations occidentales. Comme dans tous les pays, la loi existe aux Philippines et, en tant qu'expatriés, on se doit de la respecter au plus près Mais, ceux qui font appliquer la loi sont débonnaires et le sourire et quelques excuses aident à résoudre les problèmes les plus compliqués (enfin presque).

Quelque soit le problème pratique, le Philippins vous trouvera une solution. La voiture est cassée, les pièces détachées ne sont pas disponibles, le Philippins répare, bricole et la voiture repart ; peut-être pas pour des milliers de kilomètres mais votre problème est provisoirement résolu. Une fuite sur un tuyau d'eau et le Philippins va résorber la fuite avec un bout de chambre à air. Une panne d'essence au milieu de nul part et il y aura toujours un Philippins pour vous trouver une ou deux bouteilles du précieux carburant qui vous faisait défaut. Un plombier, un maçon, un charpentier, ils savent tout faire sauf pour l'électricité où là ils sont décidément peu rigoureux.

Et enfin, je ne pouvais pas ne pas évoquer ce point crucial qui concerne en priorité la gente masculine. La femme philippines trouve l'homme occidental beau et séduisant. Il n'est pas dans mes propos d'analyser les raisons d'une telle attirance mais d'observer combien c'est plaisant pour un homme d'attirer les regards de la gente féminine lorsque vous venez d'un pays où, au mieux vous avez le sentiment d'être invisible et, au pire, de vous retrouver devant les tribunaux parce que vos yeux ont trainés un peu trop longtemps sur une chute de rein croisée dans la rue.

Les Philippines, l'envers de la carte postal

Je ne peux commencer cette partie de l'analyse sans évoquer la cruelle situation des 3 otages canadiens, tombés aux mains d'ignobles individus qui 'n'ont, comme toute religion, que l’appât du gain par des actions ni en rapport avec la foi ni en rapport avec le genre humain. Ceci n'est pas les Philippines tout comme les actions indépendantistes Corses ou les attentats de Paris ne sont pas la France. Donc oui c'est un côté sombre de la carte postal mais le mieux c'est de ne pas aller visiter ces régions infestées et de les isoler dans leurs pratiques moyenâgeuses.

Reprenons donc notre synthèse sur un ton plus léger tel qu'il se doit dans un bout du Paradis.

Ce qui apparait pour certain comme un grief est parfois vécu par d'autres comme une grande qualité. Choisir d'exposer ici uniquement que le consensus ne donnerai pas une image exact des problèmes rencontrés par les expatriés. J'ai donc pris la décision de résumer le mieux possible tout les avis et d'introduire les commentaires divergents lorsque ceux-ci apportaient un autre éclairage.

En tout bien tout honneur, commençons par NOUS, les expatriés. La cohabitation n'est pas toujours très simple car les différences culturelles, les raisons ayant contribué au choix de l'expatriation et les conditions de vie peuvent être la source de quelques grincements. Par exemple, les gens parfaitement intégrés dans la société philippines reprochent le côté « bunker » des résidences et du mode de vie de certains d'entre nous. A mon avis, ce problème n'est pas lié à l'expatriation car ce genre de situation se retrouve dans tout nos villages Belges, Canadiens, Français, Suisse. En France nous appelons cela le syndrome « Cloche merle ». Il serait aussi honnête de le relativiser car, au bout du compte, une certaine amitié, pour ne pas parler de solidarité s’établit entre nous et nous devons beaucoup au site Expat Blog qui a su créer des liens entre des personnes séparées par de grands espaces maritimes.

Le bruit est une constance dans les griefs. En vous expatriant aux Philippines vous venez à la rencontre du mode de vie tropical et cet aspect est sans doute le plus difficile à accepter. Le bruit est multiple et sans limites. Le Pinoy ne contrôle pas ses bruits, on pourrait même penser que son oreille est différente de la notre. Car comment expliquer que les chiens qui aboient toute la nuit, que les coqs qui hurlent dès 4 heures du matin, que le fils du voisin qui fait pétarader sa mobylette avant même que ayez pensé à ouvrir le premier œil, ne soient pas l'objet de plaintes et de reproches de la part des autres habitants du quartier. Le karaoké, autre source de nuisance sonore, répond à un autre stimuli. En beuglant dans un micro relié à des enceintes à faire pâlir un groupe de hard-rock, on croit vivre, durant un court instant, le rêve que le showbiz nous déverse à grand renfort de clips vidéo. Cette notoriété illusoire il faut la faire connaitre et la partager, la voie la plus simple étant de régler l'ampli à son maximum. Quand la jeune chanteuse est mignonne et à un bel organe c'est déjà pénible car le choix de la chanson est souvent tiré du répertoire « eau de mélasse », je t'aime, tu ne m'aime plus, je suis malheureuse... mais lorsque c'est un gros porc aviné qui s'est emparé du micro c'est proche de l'apocalypse, à vous faire regretter que la coupure de courant n'a pas durée plus longtemps.

Tiens, puisque l'on est sur ce thème, voici encore un sujet de reproche, le brown out ou, en Français la coupure de courant. Nos pays d'origine ne nous préparent pas à ce phénomène. Lorsqu'il survient c'est à l'issue d'une catastrophe fortement relatée dans les journaux. Aux Philippines, le brown out fait partie du folklore à un tel niveau qu'il ne viendrait pas à l'idée du Philippins de faire une manifestation devant les bureaux de la compagnie électrique afin de faire cesser cette gabegie. Il survient sans raison apparente, il dure un … certain temps, il ne fait jamais l'objet d'une communication ou d'excuses de la part du fournisseur et bien évidemment en aucun cas de compensation. La conception du réseau de distribution ayant été fait à l'économie, il n'y a aucun réseau de substitution pour palier aux problèmes de maintenance. Dans les Provinces, la distribution de l'eau offre le même genre de problème mais l'avantage de l'eau sur l'électricité c'est que vous pouvez toujours la stocker dans de grandes citernes perchées à 5 mètres du sol, constituant ainsi un stock tampon en attente du retour à la normal.

Le contrôle des naissances ne fait pas partie des concepts usités aux Philippines. C'est malheureusement vrais pour les jeunes filles qui se retrouvent enceinte à peine entrée dans la puberté alors vous pouvez imaginer ce qui se passe au niveau des chiens. Aux Philippines, le chien erre, c'est sont statut familier. Il erre pour se nourrir de tout ce qu'il peut trouver. Il éventre les poubelles qui se déversent dans la rue, il s'attaque à la gente galliforme, il s'endors au milieu de la chaussée et devient ainsi un des principaux risques d'accident pour les motards mais aussi, il hante vos nuits de ces aboiements et hurlements. En résumé, le chien philippins est un animal domestique bien peu domestiqué.

Les Philippines est un pays de la zone tropicale, il peut y faire très chaud mais jamais très froid, sauf. Sauf lorsque vous voyagez dans les transports en commun dotés de l'air conditionné. Si pour le karaoké il n'existe qu'un seul réglage, c'est identique pour l'air conditionné : à fond. Vous pouvez toujours demander au chauffeur du bus de régler un peu son climatiseur mais vous obtiendrez l'ineffable même réponse : ce n'est pas possible !. Dans la chambre d'hôtel et même parfois à la maison, il faudra vous imposer comme le détenteur de l'autorité en matière de réglage de la température sous risque de vous réveiller en pleine nuit gelé de la tête aux pieds.

Il n'est pas dans le rôle de l’expatrié de faire des jugements sur la politique ou sur les dépenses publiques du pays qui nous accueille. Et pourtant, de temps en temps, nous aimerions bien pousser un petit coup de gueule à la française. Payer le KWh un prix exorbitant alors que le niveau de service est aussi peu compétitif, supporter les augmentations continuelles du cout des transports sans y voir une quelconque amélioration, s'acquitter des taxes pour l'environnement alors que manifestement les actions entreprises pour lutter pour la préservation de la planète sont plus du niveau du concept que de la réalité, font partie de nos grommèlements quotidiens. C'est une dure réalité, mais il faut bien l’avouer, Les Philippines est un des pays les plus chers de l'Asie du Sud Est. Pour une chambre d'hôtel un peu minable à 50€ à Manille, vous pourrez vous offrir la classe internationale à Kuala Lumpur. L'écart est encore plus probant dès que l'on parle de restaurant car, ici, c'est facilement 30% plus cher que dans les pays environnant mais de plus c'est souvent peu appétissant et le service est un des grands absents. Bien évidemment, il faut relativiser car, comparé à nos pays occidentaux, Les Philippines reste un pays où la vie est moins cher sur bien des points.
Beaucoup d'entre nous sont interloqués par la vie misérable d'un grand nombre de familles. Plus que le manque de travail, c'est surtout des problèmes d'instruction et donc l'ignorance qui maintien celles-ci dans une situation aussi précaire. Une observation plus détaillée peut cependant nous offrir parfois une autre lecture. On découvre une véritable organisation qui a pour conséquence la maintien de la misère. Généralement ce système repose sur la capacité d'une des filles de la famille pour mettre la tête au dessus de l'eau. En travaillant dans les bars, en s'expatriant, elle devient l'unique pourvoyeuse de ressources pour toute la famille qui agit comme une véritable pompe à devises. On atteint généralement des sommets lorsqu' un plus ou moins bel étranger sentant bon l'argent frais s'amourache d'une fleur des Tropiques. « God bless us », « le jack-pot vient d'entrer dans notre maison ». Le frère va commencer des études d'informatique alors qu'il n'avait jamais rien fait à l'école auparavant, le Père va s'équiper du tout nouveau karaoké dont il est certain d'être en mesure de récupérer quelques subsides en le louant à ses voisins, la sœur va enfin pouvoir se payer le passeport et le visa qui vont lui permettre de devenir esclave dans les Émirats. C'est vrai que ce système palie le manque de services sociaux gérés par l’État mais le côté pervers de la situation c'est que lorsque l'un essaye de s'en sortir, la famille lui tombe dessus comme des sangsues avides, tuant ainsi les chances qu'il ou qu'elle aurait pu avoir de réussir sa propre vie.

Oui le sentiment familial est fort mais c'est aussi vrai que l'arnaque au sein de la famille existe. On assiste parfois à des grandes séances de « chacun pour soi » où toute générosité, tout sentiment de partage est aboli. Cette situation est criante lorsque vous observez les Philippins autour d'un buffet. Il n'y a plus de limite, ils sont même capable de manger ce qui servait de décoration. Les assiettes se remplissent comme si la famine leur était imposée depuis de nombreux jours. Les buffets organisés par l'Ambassade de France sont un très bon terrain d'observation et surtout ne pensez pas que les invités soient issus des classes défavorisées. Dans les réunions de famille, l'oncle, la tante, les voisins proches ou plus lointain vont se gaver sans s'interroger si ceux qui les accueillent vont pouvoir bénéficier de quelques miettes de ces agapes.

Il faut avouer qu'en matière de savoir-vivre, le Philippin aurait à faire bien des progrès. Ne soyez pas surpris si, au milieu d'une discussion une personne vous interrompe afin d'obtenir un renseignement sans se préoccuper de vous ni s'inquiéter si elle vous dérange. Les bonnes manières sont réservées pour les détenteurs de l'argent. Aussi, lorsque vous rentrez dans un restaurant, le portier obséquieux vous ouvrira la porte mais ne portera aucune attention à votre charmante compagne philippines., vous êtes celui qui a les sous, elle non. La notion espace public, espace privé est également un concept mal assimilé. Vous pourrez, par exemple, croiser dans les toilettes publiques, des Philippins qui se livrent à leurs ablutions sans se soucier le moins du monde des désagréments qu'ils peuvent occasionner pour les autres usagers. Comme vous pourrez trouver dans votre jardin des familles entières cueillant fleurs et fruits sans aucun sentiment de faire le mal. Si vous faites une réflexion, on vous reprochera de ne pas avoir clôturé votre propriété ou d'avoir laissé la barrière ouverte. Mais, à l'inverse, le Pinoy sait très bien s'accaparer des sites naturels afin d'en récolter quelques subsides. Une chute d'eau, un point de vue, un accès à la plage peuvent générer autant de droit d'entrée sans réelle réalité légale.

Les amoureux de maisons coquettes, de petites places charmantes, de diversités architecturale dans les villes et les villages au fil de la découverte des Provinces, risquent d'être fort désappointés. Les Philippines sont un désert en matière d'architecture. Les édifices publiques sont imbus de leur puissance, les aires de loisirs semblent plus s'inspirer de l'univers des Pierreafeu que de l'harmonie des jardins japonais et les maisons individuelles sont hideuses à faire pâlir d'envie un pavillon de banlieue des années 60. Il n'est pas rare de constater que le propriétaire, de ce que l'on devrait appeler villa, a choisi d'orienter sa terrasse face à la route en tournant le dos à un paysage à couper le souffle. Mais les maisons ou les immeubles ne se contentent pas d'être inesthétiques, ils sont aussi conçus sans tenir compte des réalités climatiques. Autant la nippa hut, en laissant passer la brise au travers de ses cloisons en bambous tressés, offre une fraicheur bien agréable, autant le blockhaus de béton et carrelage du sol au plafond se comporte comme un accumulateur de chaleur digne des plus belles étuves. Et, cerise sur le gâteau, la malfaçon y est présente à tout les étages. Si vous êtes électricien de profession, un conseil, ne venait aux Philippines qu'avec une bonne dose de tonicardiaque car sinon c'est l'infarctus assuré lorsque vous découvrirez vos premiers schémas électriques en vogue dans le Pays. S'élever dans l'échelle sociale c'est élever un mur en béton. Quand vous n'êtes qu'aux premiers barreaux, vos murs resteront soit brut de parpaing soit au maximum avec une finition ciment. Dès les échelons plus élevés, le carrelage va envahir vos sols, vos murs et vos plafonds car ce qui important c'est que ça brille et, de plus, que se soit facile à entretenir.

Et puis, il y a ce reproche commun à tout les pays tropicaux : la lenteur et son compagnon le retard. Il faut savoir prendre son temps aux Philippines et laisser ses vieux stress dès l'arrivée à l'aéroport. Par exemple, vous êtes à la caisse d'un grand magasin et votre unique souhait c'est de payer votre article et de vous précipiter vers la station de bus car le dernier va bientôt partir. Et bien, il vous faudra attendre que la caissière enregistre votre achat, puis que l'aide caissière dispose vos articles dans un sac puis, enfin, que la caissière superviseur valide le ticket de caisse après contrôle du contenu du sac. Et soyez heureux que, durant toutes ces opérations, un client sans-gène ne viennent pas perturber ce lent processus ou que l'arrivée d'un SMS « super urgent » ne bloque pas une des trois employées sur le clavier de son téléphone. L'heure pour un rendez-vous n'est jamais celle que l'on a fixé ensemble mais l'heure à laquelle le Pinoy arrive au rendez-vous. La différence peut dépasser les 60 minutes et ne vous attendez pas à des excuses car, pour eux, rien n'est anormal.

Néanmoins, Philippines, notre patrie d'adoption, nous t'aimons et peu nombreux sont ceux qui pensent à te déserter.

S'expatrier aux Philippines : bonne ou mauvaise idée?

Rédigé par La communauté Expat Blog des Philippines

Publié dans #Au jour le jour

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